Deux Whippets, l’un fauve et blanc, l’autre bleu, se touchant le museau dans un jardin, près d’un grillage
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Saillie du Whippet : Comment être sûr de bien faire ?

Il est si beau, si gentil, si élégant… et tout le monde vous le dit : « Tu devrais envisager la saillie de ton Whippet ! » Peut-être avez-vous une femelle et vous imaginez déjà ses chiots courir partout dans le jardin. Ou bien un mâle, que vous aimeriez voir transmettre ses qualités à la génération suivante.
Et si c’était le moment ? Si c’était une évidence ? Et si c’était une façon de prolonger quelque chose de lui ou d’elle ?

Mais derrière cette idée séduisante, se cache une réalité bien plus complexe (et souvent sous-estimée).

La saillie du Whippet, ce n’est pas seulement faire naître des chiots. C’est prendre une décision qui engage la santé, l’équilibre, et l’avenir de la race. Une décision qui implique des connaissances, des responsabilités et des renoncements parfois.

Alors, comment être sûr de bien faire ? Et d’ailleurs… faut-il vraiment le faire ?

Dans cet article, je vous propose d’aller au-delà des apparences. Non pas pour vous décourager, mais pour vous aider à prendre la bonne décision, celle qui respecte votre Whippet, vous-même, et la race toute entière.









En fait, on entend souvent :

  • « Elle est si belle, ce serait dommage de ne pas lui faire faire une portée. »
  • « J’aimerais tellement avoir un chiot de lui. »
  • « C’est pour lui faire vivre l’expérience. »
  • « C’est pour son bien. »
  • Ou même : « Vu ce qu’il m’a coûté, autant qu’il serve à quelque chose. »

Mais ces phrases, on ne les dit pas toujours à voix haute. Parfois, elles flottent dans un coin de la tête, nourries par l’entourage, les réseaux sociaux, ou cette tendresse immense qu’on ressent pour son Whippet. Néanmoins, ce sont rarement de bonnes raisons.

Tout d’abord, votre Whippet ne rêve pas de devenir parent. Il n’a pas ce projet, ni cette attente. Il vit dans le présent, pleinement. Faire une portée pour “lui faire plaisir” ou “ne pas le priver de ça” est une projection humaine, pas un besoin canin.

D’ailleurs, aucun chien n’est malheureux d’avoir été stérilisé sans avoir connu la reproduction. En revanche, beaucoup de maîtres regrettent d’avoir franchi ce cap trop vite.

En outre, la saillie du Whippet, ce n’est pas un jeu. En effet, c’est un acte qui, s’il aboutit, fait naître des êtres vivants. Avec des besoins, des émotions, une santé à surveiller, une éducation à construire, et un avenir à assurer.

C’est aussi potentiellement :

  • Des chiots invendables
  • Des adoptants qui se désistent
  • Des retours à gérer
  • Des responsabilités juridiques (vice caché, litiges de santé, etc.)

Alors, même si “tout se passe bien” au départ, êtes-vous prêt à assumer jusqu’au bout chaque vie née sous votre toit ?

Et si vous deviez garder toute la portée chez vous, faute d’adoptants fiables, seriez-vous encore sûr de vouloir vous lancer ? Et si la mise bas tournait mal ? Si un chiot naissait handicapé ? Si un adoptant vous appelait en pleurs deux mois après l’adoption ?

Non, non, ce n’est pas du catastrophisme. C’est juste du réalisme.

Refuser de faire reproduire son Whippet, ce n’est pas “le priver”. Ce n’est pas “gâcher son potentiel”. C’est parfois le plus grand acte d’amour qu’on puisse offrir. Et si votre intuition vous dit que ce n’est pas pour vous… écoutez-la. Il n’y a aucune honte à dire non à la reproduction.
Mais s’il reste en vous une conviction forte, une envie de le faire bien… alors poursuivez la lecture. Et posez les bases avec lucidité.









Lorsqu’on parle de la saillie du Whippet, on pense souvent à l’instant de la rencontre, à l’idée des petits chiots adorables… mais rarement à tout ce qui précède. Tout ce qui fait pourtant toute la différence entre un acte réfléchi et une décision précipitée. D’ailleurs, ce que beaucoup de particuliers ignorent, c’est que la loi française ne fait pas la différence entre un particulier et un professionnel sur un point : dès que vous vendez un chiot dont vous possédez la mère, vous êtes considéré comme éleveur (1). Cela vous engage à respecter un certain nombre d’obligations déclaratives (2) (même pour une seule et unique nichée).

En France, un Whippet inscrit au LOF (Livre des Origines Français) ne peut transmettre officiellement sa généalogie que s’il est confirmé. C’est-à-dire évalué par un juge lors d’une exposition, pour valider sa conformité au standard de la race. C’est donc la base de toute reproduction responsable.

De plus, depuis 2019, le profil ADN des deux reproducteurs est obligatoire pour enregistrer une portée au LOF. Pourquoi ? Parce que des erreurs de filiation ont été repérées dans plusieurs races, Whippets compris. Le test ADN est une garantie d’honnêteté généalogique, pour les adoptants, pour la race, pour vous-même.

💡 Un profil ADN coûte au minimum 38€ par chien. C’est peu… mais indispensable.

Pas de saillie d’un Whippet sans un bilan de santé complet. C’est la base.

Un Whippet peut sembler en bonne santé et pourtant être porteur de maladies héréditaires, notamment cardiaques ou oculaires. Certaines affections ne se déclarent que tardivement… mais peuvent se transmettre à la descendance sans signe visible chez les parents.

Sans test, vous ne saurez pas. Et sans savoir, vous prenez un risque, pour eux, et pour vous.

Il faut donc aussi :

• Vérifier la santé cardiaque (certaines lignées présentent des fragilités précoces)
• Contrôler les yeux : atrophie rétinienne, cataracte héréditaire, dystrophie cornéenne
• Mettre à jour les vaccins et traitements antiparasitaires
• Évaluer le comportement du chien (peur excessive, agressivité, nervosité…)

Un Whippet fauve et blanc, assis sur une table d’examen vétérinaire, tenu par un vétérinaire en blouse bleue avec un stéthoscope.

La reproduction ne doit jamais servir à masquer un problème de santé ou un défaut de comportement. Elle n’améliore pas les choses. Elle les transmet.

Ce club de race veille à la qualité, à la diversité génétique et à l’avenir du Whippet en France. Il ne s’agit pas d’un cercle fermé ou élitiste, mais d’un repère précieux. Celui-ci recommande :

  • La participation à des expositions pour évaluer le chien objectivement
  • Des tests de santé spécifiques à la race
  • Des critères de sélection qui allient morphologie, caractère, et aptitudes

Et pour faire publier votre saillie ou votre portée sur leurs canaux officiels, il faut être adhérent depuis au moins 2 ans, avec des chiens testés et cotés.

Faire les choses correctement, ça se prépare, ça ne s’improvise pas. Et ça prend du temps.









En définitive, les réseaux sociaux et les sites d’élevage montrent souvent les moments magiques : les chiots bien dodus, alignés dans un panier moelleux, ou courant dans l’herbe en mordillant une peluche.
Mais ces belles images ne disent rien de l’envers du décor. Celui que vivent tous ceux qui ont déjà accompagné une portée… et qui savent.

Une femelle Whippet peut avoir une gestation paisible… ou non. Nausées, perte d’appétit, fatigue extrême, contractions anticipées, mise bas qui ne démarre pas, chiot coincé, fièvre post-partum : tout cela fait partie des possibilités.

Et quand ça ne se passe pas bien, c’est vous qui devez :

  • Décider d’une césarienne en urgence
  • Réagir si un chiot ne respire pas à la naissance
  • Gérer la douleur, le stress, les pleurs, parfois les larmes

Alors, maintenant, est-ce que vous êtes prêt à ça ? Est-ce que votre vétérinaire l’est aussi, même un dimanche soir ?

Les chiots ne naissent pas “prêts à l’emploi”. Ainsi, pendant leurs premières semaines, il faut :

  • Tout d’abord, les peser tous les jours
  • Puis, stimuler leur élimination
  • Ensuite, s’assurer qu’ils tètent correctement
  • Et enfin, les aider à survivre, parfois

La mère ne peut pas tout faire, surtout si elle est stressée ou en difficulté. Et même en l’absence de problème… vous ne dormirez pas tranquille.

Ensuite viennent les besoins de socialisation, de sevrage, d’éducation minimale, de nettoyage quotidien, de surveillance constante… pendant au moins 8 semaines.

🐾 Je ne vous parle pas de tout cela par hasard. En effet, mes parents et moi avons vécu cette expérience, pensant bien faire pour notre louloute. C’était il y a longtemps, avec notre toute première chienne, un Setter Irlandais. Tout s’est plutôt bien passé, oui… sauf qu’un des chiots est resté plus longtemps que prévu. Et comme souvent, on s’est attachés… Beaucoup. Sans parler du reste. Mais ça, c’est une autre histoire…

Une femelle Whippet allaitant ses chiots dans un enclos sécurisé, dans un environnement lumineux et chaleureux.

Parfois, un chiot ne va pas bien. Il ne prend pas de poids ou il régresse. Il naît avec une malformation qu’on n’avait pas vue à l’échographie. Ou pire, il meurt. Brutalement, sans qu’on comprenne.

Dans d’autres cas, c’est après l’adoption que les soucis surgissent : mauvaise adaptation, problème de santé latent, accident, retour du chiot… ou silence total de l’adoptant.

💬 Un jour, quelqu’un m’a dit : “Je n’avais pas compris que chaque chiot serait un lien à vie.”
C’est pourtant bien ça. Une portée vous engage pour des années, parfois bien plus longtemps que prévu.









On confond souvent deux choses : faire reproduire un chien, et élever une lignée. La première est accessible à (presque) tout le monde sous conditions. La seconde est une vocation, une exigence, parfois une vie entière consacrée à un idéal.

C’est pourquoi, si vous pensez à la saillie de votre Whippet, posez-vous cette question simple :
Souhaitez-vous vraiment élever ou simplement voir naître des chiots ?

Un vrai travail d’éleveur ne s’arrête pas à une seule portée. Effectivement, il s’inscrit dans une réflexion à long terme :

  • Quels traits du Whippet je veux transmettre ?
  • Quels défauts faut-il corriger ?
  • À qui confier les chiots pour avoir un suivi sérieux ?
  • Quelles alliances seront bénéfiques pour les générations à venir ?

Cela implique de faire des choix difficiles. Par exemple, parfois, celui de ne pas faire saillir une femelle superbe, si elle présente un défaut récurrent dans sa lignée. Ou encore, celui de ne pas utiliser un mâle, même champion, s’il produit mal avec certaines origines.

Les éleveurs dignes de ce nom ne travaillent pas dans leur coin. C’est pourquoi ils :

  • Font confirmer leurs chiens
  • Participent à des expositions
  • Demandent des avis extérieurs
  • Publient leurs résultats en toute transparence
  • Se remettent en question

Ainsi, ils collaborent souvent avec des vétérinaires, des juges, des clubs de race. Aussi, les éleveurs lisent, comparent, analysent. Et surtout, ils ne se contentent pas de la beauté ou de la gentillesse d’un chien pour décider de le faire reproduire.

📌 À retenir : un bon chien de compagnie n’est pas forcément un bon reproducteur. Et inversement (mais si, un Whippet est toujours un excellent chien de compagnie 😉​!).

Par exemple, renoncer à faire reproduire un chien qu’on adore. Ou se résigner à dire non à une portée parce que les conditions ne sont pas réunies. Enfin, cela peut être dire adieu à un chiot si on sent qu’il serait mieux ailleurs.

Mais aussi : accepter de ne pas tout contrôler.
Ensuite, admettre que le vivant est incertain, que chaque naissance est un pari.
Et que dans ce pari, c’est le bien-être du chien qui doit primer, pas l’égo du maître.

Deux Whippets assis côte à côte dans un jardin fleuri au coucher du soleil, se touchant tendrement le museau.








Finalement, comme on pouvait s’y attendre, la saillie du Whippet n’est pas une aventure à prendre à la légère. Effectivement, ce n’est pas un simple prolongement de l’amour que l’on porte à son chien. Ce n’est pas non plus un geste sans conséquence. En effet, c’est une décision engageante, parfois bouleversante et toujours irréversible. Les propriétaires et éleveurs doivent s’engager à respecter la règlementation en vigueur ainsi que les principes éthiques promus par le Club Français du Whippet.

Mais, vous l’aurez compris, ce n’est pas forcément un passage obligé. Et dans bien des cas, le plus grand acte d’amour qu’on puisse faire pour son chien, c’est justement de ne pas vouloir le reproduire. De laisser cette vie unique qu’est votre Whippet s’épanouir sans descendance, dans toute sa beauté singulière, sans chercher à la dupliquer. Et cela n’enlève rien à sa valeur. Bien au contraire.

Et si, après réflexion, vous sentez que l’idée de faire saillir votre Whippet s’enracine non pas dans une envie légère mais avec une vraie volonté de bien faire… alors il vous faudra aller plus loin. Bien plus loin. Alors gardez cette question ouverte. Laissez-la cheminer.
Car ce sujet, comme la vie qu’il concerne, demande du temps. Et j’en reparlerai forcément un de ces jours…









En attendant, prenez soin de votre Whippet. 🐾





Sources et informations complémentaires :

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20 commentaires

  1. a dit :

    Des infos précises et sans fioritures : enfin un contenu qui parle vrai sur la saillie, sans enjoliver ni dramatiser!

    1. a dit :

      Merci Sylvie pour ton commentaire encourageant.

  2. a dit :

    Hyper bon article! Il aborde tous les points essentiels à prendre en considération quand on imagine faire un jour reproduire son animal, que ce soit un whippet, un autre chien ou un chat. Adopter c’est une énorme responsabilité, faire reproduire encore plus. Je t’ai lue avec beaucoup d’intérêt.

    1. a dit :

      Contente que cet article sur la saillie t’ait plu. Tu as bien compris mon point de vue et cela fait plaisir. Belle semaine Pascale.

  3. a dit :

    Merci pour cet article très clair et complet ! 🐾 On sent toute votre passion et votre expérience pour cette magnifique race. Vous abordez un sujet parfois délicat avec beaucoup de sérieux et de bienveillance. C’est précieux d’avoir des conseils aussi pratiques et respectueux pour accompagner au mieux nos compagnons. Bravo pour ce beau travail d’information et de partage ! 👏✨

    1. a dit :

      Merci Véronique pour ces encouragements qui me vont droit au cœur ❤️.

  4. a dit :

    Merci beaucoup Laura pour cet article plein de bon sens! Tu mets le doigt sur un point crucial qui est la signification et la responsabilité de la reproduction, qui est en soit valable pour n’importe quel être vivant 👀 Ton contenu permet de nous guider et de nous amener à nous poser les bonnes questions en toute connaissance de cause 🚀

    1. a dit :

      Merci Camille pour ton gentil commentaire !

  5. a dit :

    J’aime beaucoup ta manière de décomplexer le sujet au début comme quoi ce n’est pas un objectif du whippet de devenir parent. Très Bel article sinon 🙂

    1. a dit :

      Merci Antoine 🙏

  6. a dit :

    Même sans être propriétaire de chien, cet article offre une perspective responsable sur la reproduction canine. Il souligne l’importance de bien réfléchir avant de se lancer dans une telle démarche.​

    1. a dit :

      C’est tout à fait ça. Tu as compris l’essence de mon approche. Belle semaine 🐾

  7. Stephanie a dit :

    Merci pour cet article si complet et sincère. Il pousse vraiment à réfléchir au-delà des idées reçues, avec beaucoup de respect pour les chiens et pour les maîtres.

    Cela fait du bien de lire des mots qui valorisent autant la responsabilité, sans jugement, mais avec beaucoup de cœur.

    Vous posez les bonnes questions, celles qu’on devrait toujours se poser avant de prendre une décision aussi engageante.

    Merci pour cette belle remise en perspective.

    1. a dit :

      Merci Stéphanie 🐾

  8. a dit :

    J’aime beaucoup les questions que tu proposes et la déculpabilisation pour faire un choix réfléchi ! C’est très bien écrit et ça permet d’avoir toutes les informations pour savoir si l’on fait la saillie ou non.

    Merci pour tous tes conseils !

    1. a dit :

      Merci beaucoup David 🙂

  9. a dit :

    C’est bien que tu appelles l’attention pour des points importants auxquels on ne pense pas forcément quand on cherche un petit compagnon pour partager notre existence, mais qui pourront avoir une grande importance pour la suite.

    1. a dit :

      Merci Dieter 🐾

  10. Jackie a dit :

    J’ai apprécié la manière posée et responsable dont tu abordes la question de la saillie. C’est rassurant d’avoir un guide aussi bien documenté pour accompagner ce moment clé, que ce soit pour des débutants ou des éleveurs plus expérimentés. Merci pour ce partage de connaissances !

    1. a dit :

      Avec plaisir Jackie. Merci pour ce commentaire encourageant.

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